Speaker 1 (00:00.51)
J'ai pas voulu écrire quelque chose sur ce sujet-là absolument, j'ai écrit en fait quelque chose qui me tournait dans la tête. Et de là, on est sorti un sujet, des personnages et une histoire.
Vous écoutez Bien à mon compte, le podcast business et bien-être pour les indépendants qui veulent transformer leur activité en une source de revenus réguliers, d'impact et d'épanouissement. Je m'appelle Kasia, je suis à mon compte depuis 2009 et je suis bien placée pour savoir qu'être indépendant c'est une aventure passionnante. Mais parfois c'est aussi se sentir seul face à des défis complexes. des clients, jongler entre les projets pro et la vie perso, ou encore traverser des périodes de doute et de creux, surtout quand on est hyper sensible et cérébral comme moi.
Dans ce podcast, je partage des stratégies concrètes pour se faire connaître et signer plus de clients, des outils pour calmer les ruminations et les montagnes russes émotionnelles, ainsi que des interviews d'indépendants inspirants qui montrent les mille une façons de s'épanouir à son compte. Alors si tu veux plus de clients, plus de plaisir et plus de sécurité dans ton activité indépendante, écoute l'épisode d'aujourd'hui.
Speaker 2 (01:06.526)
Bonjour, cette semaine dans le podcast j'ai le grand plaisir de recevoir Émilie Alfieri, tout juste débarquée d'Avignon où elle a joué son spectacle, l'histoire de la fille d'une mère qui devient la mère d'une fille qui ne sert à pas mère, jouée au théâtre d'Ellila à guichet complet. Bonjour Émilie.
Bonjour, Kasha.
Je suis ravie de te recevoir et félicitations pour ton spectacle !
Merci beaucoup de m'accueillir dans ton podcast. Je suis très heureuse de figurer parmi tes invités. Et merci pour ton retour sur mes dates à Avignon.
Alors c'est un spectacle que j'ai eu le plaisir de voir et il est bouleversant. Et je suis heureuse que le public l'ait ressenti également.
Speaker 1 (01:43.662)
Alors je suis vraiment très surprise et très touchée de voir la vie qu'a ce spectacle quand je l'ai écrit en 2016 et que je l'ai joué pour la première fois fin 2018. Je n'imaginais pas qu'il aurait une vie quasiment dix ans après qui serait encore sur scène. Donc je suis émue et je le vois vraiment comme un enfant qui grandit et que j'accompagne.
Mais est-ce que tu veux nous dire un peu plus de quoi parle cette pièce ?
L'histoire de la fille d'une mère qui devient la mère d'une fille qui ne sera pas mère retrace le parcours de trois femmes d'une même famille sur trois générations différentes. Sur scène vont se succéder dans l'ordre chronologique la grand-mère, sa fille et sa petite-fille. Avec comme point de départ, on est dans les années 50 et la pièce débute avec cette scène-là où la grand-mère, on va dire le premier portrait de femme, donne naissance
à une petite fille alors qu'elle était convaincue d'attendre un garçon. Et elle est très déçue parce qu'elle voulait absolument un garçon et elle accouche d'une petite fille. Et cette naissance, cette déception va venir teinter son rapport à son enfant. Comment elle va la regarder, comment elle va l'aimer, comment elle va la faire grandir. Comment cet enfant va grandir au fur et mesure de la pièce, devenir une adulte, une femme. Comment cette femme va devenir une mère à son tour d'une petite fille.
comment va être sa relation avec son enfant. Donc on a vraiment ces trois portraits de femmes qui vont se succéder avec ce point de départ-là qui est une naissance, un genre non désiré. Quelles impacts ça va avoir sur la relation mère-enfant ? Ici c'est dans la relation mère-fille parce que c'est celle que je connais aussi le mieux.
Speaker 2 (03:29.592)
Est-ce que c'est une pièce qui est inspirée par ta propre histoire, tu dirais, ou tu l'as complètement inventée
Elle est inspirée d'éléments vécus. Chaque scène du spectacle comporte une anecdote qui reliée à mon histoire. Si je prends l'exemple de la première scène où cette femme accouche d'une petite fille, elle est très déçue. Moi, ma mère était convaincue de porter un garçon. On est dans les années 80 et même si son gynécologue lui avait dit oui, vous savez, on n'est pas sûr. Elle avait déjà eu deux filles aînées. Elle voulait absolument avoir un garçon et elle s'est convaincue qu'elle avait un garçon.
et à chaque écho j'étais pas dans le bon sens donc on pouvait pas bien voir le sexe. Et le jour de ma naissance, quand elle a vu que j'étais une petite fille, ma mère dit « je ne veux pas la voir ». Donc voilà, ça c'est l'élément qui est du réel, ce qui s'est passé, et moi je l'ai transformé, voilà je l'ai déplacé un peu pour le rendre spectaculaire au sens de spectacle, au sens théâtral. Donc chaque scène est porteuse soit d'un élément qui m'est arrivé dans ma vie.
soit de choses qui m'ont été rapportées mais qui ont fait quand un écho avec moi ce que j'ai vécu, ou alors des choses que j'ai complètement fantasmées de mes angoisses de ce que pourrait être ma relation avec un enfant et si c'était une fille. Voilà.
Moi je me demande comment ta mère a réagir quand elle a vu le spectacle.
Speaker 1 (04:55.318)
C'est étonnant, ma mère l'a vu en 2018. Ma mère l'a vu avec toute la distance dont elle a besoin pour le voir. Elle a trouvé que c'était un beau spectacle. Elle m'a dit que c'était le travail de la maturité. Je pense qu'elle n'a pas du tout entendu le spectacle comme il l'est présenté. Ils sont revenus le voir l'année dernière, ce que j'ai déjà fait à Vignon pour une première fois l'année dernière.
Et c'est marrant, donc ça faisait quasiment 6 ans après, 7 ans après. Et elle m'a dit qu'elle avait redécouvert plein de choses, que j'avais changé plein de choses. Le spectacle lui a fait écho pas de la même manière. Et elle a été d'autant plus surprise quand je lui ai dit que je n'avais pas changé une seule virgule à la version de 2018. Donc elle a vu exactement le même spectacle.
C'est fascinant cette anecdote d'être convaincue. Non mais t'as dû changer des choses, c'est pas possible. On entend les choses qu'on a envie d'entendre et on zappe celles qu'on n'a pas envie d'entendre ou qu'on n'est pas prêt à entendre.
ça je te le confirme. Effectivement tu vois et tu entends ce dont tu es capable d'entendre et de voir, ce dont tu as envie d'entendre.
Je crois que c'est Proust qui disait que tous les contre-sens en littérature sont beaux, pour souligner l'idée que le public ou le lecteur est co-créateur de l'œuvre.
Speaker 1 (06:18.21)
Et ça, je le vois beaucoup dans les retours des spectateurs, où des fois, il en a que je trouve absolument extraordinaires, parce qu'ils voient des choses que je n'ai pas ni mis dans l'écriture, ni mis dans les intentions de jeu. Et c'est là où je trouve que c'est magique, parce que ça m'attient plus du tout. Il a quelque chose qui est vraiment livré et le spectateur s'en empare et se raconte son histoire avec ses projections, ses filtres, avec ses croyances. Et il y a vraiment cet endroit où, peut-être que moi, j'y ai mis aussi des choses inconscientes.
moi m'ont même échappé à l'écriture et à l'interprétation, mais qui sont captés, qui sont interprétés, et ça fait des analyses et des grilles de lecture du spectacle fascinantes.
ça veut dire que l'œuvre a fait son effet. Où est-ce que tu as trouvé le courage de parler de sujets aussi intimes, Emily ?
Alors, c'est vrai que le spectacle aborde la question de l'héritage familial et il aborde la question de la violence éducative ordinaire. Pour moi, c'est le cœur de comment on parle à des enfants, comment on les regarde, comment on les fait grandir, dans quel cas on les met, quelles sont les injonctions et comment on se construit son identité en tant qu'adulte et qu'est-ce qu'on transmet à notre tour en tant qu'adulte mais aussi en tant que parent. Pas forcément...
dans la parentalité, on est toujours en relation à un moment donné dans sa vie avec des enfants. Et en fait, quand est venue l'idée de jouer un spectacle solo, j'avais cherché des textes déjà édités parce que je voulais porter une voix féminine, parler des femmes, parler de la puissance des femmes. Et j'ai pas trouvé de texte qui m'a suffisamment emballé, peut-être que j'ai pas suffisamment cherché. Et donc cette amie m'a dit, tu n'as qu'à écrire ton propre texte. Et je lui dit, mais moi, j'ai rien à raconter.
Speaker 1 (08:05.902)
qu'est-ce que je vais raconter. Elle m'a dit, je ne te pose pas de question, écris. Et à cette époque-là, je me posais la question de l'enfant et de savoir pourquoi je n'avais pas de désir d'enfant. Au fur et mesure de ma vie, je cochais des cases, c'est-à-dire que j'avais eu un CDI, un appart, un mec, mais je n'avais toujours pas de désir d'enfant. Et surtout, toutes les projections de ce que pourrait être ma relation à venir avec un enfant, surtout si c'était une fille, je me rendais compte que je serais une mère horrible.
J'ai commencé à écrire cette voix, cette parole de cette femme qui s'adresse à son enfant et à sa fille. C'était des choses qui n'étaient pas forcément très sympas. J'ai commencé à écrire plusieurs petites scènes comme ça. Au fur et mesure, je me rends compte qu'à travers les petites scènes que j'écris, en ne donnant la voix qu'à la mère, ça commençait à me plaire et je commence à faire un assemblage de mes premiers textes et à me dire...
cette enfant, si elle a entendu ça toute sa vie, comment elle grandit, comment elle se construit et qu'est-ce qu'elle va transmettre à son tour, elle, à son enfant, si c'est une fille. Et j'ai commencé à écrire la suite de cet enfant et à faire cet assemblage de textes pour voir qu'est-ce qui se transmettait. Parce que je pense que c'était quelque chose qui était inconscient à ce moment-là pour moi, mais de parler de ça, de cette violence et de la transmission de la violence intrafamiliale. J'ai pas voulu écrire quelque chose sur ce sujet-là absolument, j'ai écrit.
en fait quelque chose qui me tournait dans la tête. Et de là, on est sorti un sujet, des personnages et une histoire.
Fast Forward, 9 ans plus tard, ce spectacle se joue à guichet fermé. Racont-nous comment c'est de jouer à Vignons devant une salle comble.
Speaker 1 (09:46.862)
Tu me poses la question, j'ai les larmes aux yeux. Ça a été une expérience incroyable parce que je ne m'y attendais pas. J'y suis allée avec énormément de doutes, mais en me disant que non, j'allais faire un bid. Au bout de la quatrième date à Avignon, au bout du quatrième jour, on affiche complet. Je me suis sentie tellement honorée, j'étais tellement reconnaissante de ce public qui venait.
du bouche à oreille des gens qui ont travaillé pour le spectacle. C'est grisant et c'est extrêmement touchant de voir autant de gens qui se déplacent pour vous, pour écouter votre histoire. C'est puissant.
qui m'émoit énormément, c'est de voir l'effet cumulé aussi de tout son travail. Tu vois, c'est quand même un spectacle que tu as écrit il a presque dix ans. Ça aurait été tellement facile ou tentant à un moment de te dire bon, bah ça y est, je l'ai fait, je l'ai joué plusieurs fois, et maintenant je passe à la suite, je fais autre chose. Mais t'es restée avec celui-ci. Bref, on va pleurer toutes les deux. En tout cas, je trouve que tu es un super exemple de persévérance. Tu vois, quand tu as une bonne idée, ça vaut le coup de s'accrocher.
on a tendance à balayer nos idées un peu trop vite. Alors que parfois c'est vraiment pas l'idée, l'idée elle est très bien, c'est soit le timing, soit l'exécution, soit des contrariétés diverses et variées. Je pense que c'est aussi une question de flair, vois, t'as eu le flair de rester avec ce projet là. Finalement c'était intentionnel, est-ce que c'est le fruit du hasard, comment ça s'est passé pour toi ?
Un peu un mix des deux parce que c'est vrai que quand on l'a lancé en 2018 à Lyon, on a eu un superbe accueil du public lyonnais et j'ai eu plusieurs sessions de dates en 2019. J'avais très envie de partir le jouer sur Paris et puis avec la perspective de faire un avignon avec. Et puis fait, arrivé 2020 et le Covid et tout s'est arrêté du jour au lendemain. En 2021, je l'ai joué sur des contrats qui avaient été reportés.
Speaker 1 (11:49.934)
En 2022, je me suis occupée à faire une autre création. J'ai fait un enfant, donc ça m'a pris du temps et j'ai voulu prendre ce temps-là pour ma fille. En 2023, je recontacte le Paris et le Théâtre des déchargeurs. J'y croyais pas trop et puis Rémi Prin m'a répondu en me disant « oui, moi je suis toujours au quai pour venir te programmer ». Et donc, on a organisé des dates en 2023 et le spectacle s'est relancé à partir de là. J'ai eu des supporters, des soutiens.
Je l'ai joué au Café de la Gare aussi en janvier 2024 et j'ai eu la chance d'avoir dans la salle Tiffende, qui est une comédienne autrice militante, féministe, très engagée et très talentueuse, qui partait justement sur Avignon le mois de juillet et qui m'a dit « mais viens au Théâtre des Lilas, je suis sûre que ce spectacle a sa place » et donc c'est grâce à elle qu'elle m'a mis en relation avec le Théâtre des Lilas, donc ça s'est fait vraiment.
par opportunité, par rebond. Et moi je me disais, ok, en fait dans ma perspective, une fois que j'aurais fait Paris à Avignon, j'aurais fait pour moi ce que j'avais envie de faire, l'ambition que j'avais pour ce projet-là, je serais allée au bout. Et j'étais très contente. Et puis en septembre ou octobre, quand le tête des Lilas m'a dit, est-ce que tu voudrais revenir une deuxième année, je me suis dit, alors peut-être que ce n'est pas tout à fait fini, peut-être qu'il encore une suite.
Maintenant c'est du bonus et ce spectacle là, oui je le porterai, je continuerai de le jouer. Si j'arrive à faire une tournée en France avec ce spectacle là, ce qui est en train de s'organiser d'ailleurs.
concrètement comment se s'organise un avignon en termes de logistique.
Speaker 1 (13:32.526)
Déjà, faut faire un budget. Il faut lister toutes les dépenses incompressibles et trouver de l'argent. Vraiment le nerf de la guerre dans l'Avignon, c'est ça. Il faut savoir qu'à Avignon, les théâtres se louent 100 euros hors taxes le siège minimum. Donc, si vous avez une salle de 200 places, je vous laisse faire le calcul. Et c'est des sommes qu'il faut avancer. Donc, c'est-à-dire que les compagnies partent avec 20 000 euros de dette pour louer leur théâtre.
et après charge à elle de remplir la salle pour récupérer les entrées. Avec l'Utah de Lila, c'est pas ça, c'est du partage de billetterie 50-50 à la fin du festival. Donc déjà, partez pas endettés et ça, mine de rien, ça change quand même le rapport au travail, ça change le rapport à l'énergie. Donc une fois qu'on a un lieu, après il y a toute la partie administrative du off, donc l'inscription, pour donner un ordre d'idée sur un budget de un mois à Avignon avec.
Mon metteur en scène, un régisseur, moi, l'administration, la communication et la chargée de diffusion, les logements et les transports, c'est un budget de 12 000 euros. Et c'est vraiment le minimum. Et après, faire du prévisionnel sur la billetterie. Voilà. Et après, c'est de la logistique, c'est trouver un logement pour mon régisseur, trouver un logement pour moi, organiser les journées de montage au théâtre, le transport matériel.
des outils de com, les tracts, les affiches. C'est tout ça en vrac et en détaillé.
Et cette année tu es rentré lent et vrai sans indiscrétion ou comment ça se passe ?
Speaker 1 (15:14.54)
Alors cette année, je suis rentrée dans mes frais. Et ça c'est une immense victoire. J'ai honoré mes engagements financiers auprès de tout le monde. Et j'ai en plus de quoi pouvoir injecter dans la prochaine création. Et ça, pour le coup, je peux le dire, je suis hyper fière de moi. Mais ça, je n'aurais jamais pu le faire toute seule. C'est grâce aussi au soutien des gens qui ont soutenu la compagnie financièrement, qui sont venus voir le spectacle.
Il y a de quoi être fier, d'autant que ce n'est pas la réalité de la majorité des compagnies qui font le off, en tout cas. Il y a quand même beaucoup de frais, ne serait-ce que ce logé, pour pouvoir faire son travail et entre guillemets la concurrence est rude, puisqu'il y a une offre de spectacles qui est délirante.
Cette année, y avait 1700 spectacles par jour. il faut savoir quand même que le logement à Avignon et pendant le festival, c'est indécent. C'est pour ça que ce festival-là n'est pour le coup pas très éthique et pas très équitable et pas très solidaire. Et que vraiment, n'est pas du tout fait en direction de la culture. Il est vraiment là pour rentrer de l'argent, pour faire de l'argent. C'est vraiment...
C'est quand même ça, les festivaliers, les compagnies sont essorées en fait et les loyers sont multipliés par quatre. Et même le prix des salles, tout garage est transformé en salles de spectacle. Alors l'année prochaine, va changer puisqu'il a un label qui est en train de circuler où les lieux doivent être certifiés par le label du off pour pouvoir prétendre à louer leur espace. Donc avec une charte bien précise à respecter.
Donc je pense qu'il a pas mal de lieux qui vont sauter et c'est pas plus mal parce qu'il des conditions d'accueil de public et de compagnie qui doivent être respectées. Mais les conditions d'un festival d'Avignon sont raides.
Speaker 2 (17:10.414)
Comment tu t'expliques que cette année tu es jouée à Salecombe alors que l'an dernier tu étais là avec le même spectacle, le même théâtre, avec la même équipe ? je ne sais pas exactement quel est le résultat que tu as fait l'an dernier mais il me semble que ce n'était pas aussi complet.
Alors l'année dernière, j'ai pas fait sale comble tous les jours, j'ai pas eu le même engouement et la même visibilité. J'ai pas à rougir non plus de la fréquentation parce que pour un premier ravignon, j'ai quand même rempli honorablement la salle. Mais cette année, l'engouement a été... Alors je pense que j'ai bénéficié du bouche à oreille de l'année dernière, des gens qui ne pouvaient pas venir, qui étaient intéressés mais qui n'ont pas pu venir, qui sont venus cette année. Et tu le disais un peu tout à l'heure, je pense qu'il a aussi une histoire de timing.
Et ce spectacle-là, effectivement, c'est le même texte, il n'a pas bougé. Et aujourd'hui, l'intérêt du public et même de la presse, parce que j'ai eu de très beaux articles et de très belles critiques de presse par le Figaro, par la Terrasse, par la Provence, qui ont aussi apporté de la visibilité au spectacle. Mais je me suis dit, mais tiens, pourquoi cette année-là, alors que je n'ai pas changé une virgule, mais je pense que c'est une histoire aussi de société, une histoire de... Je ne pas dire de mode, parce que je voudrais pas que ça soit péjoratif, mais...
En tout cas, les thématiques du spectacle, ce qu'ils racontent, sont peut-être plus entendables aujourd'hui, où les personnes sont prêtes aussi à les recevoir quand aujourd'hui on donne beaucoup plus de place à la parole de la femme, à la violence éducative, aux violences faites aux femmes. Donc je pense que ça s'inscrit là-dedans et qu'il bénéficie aussi de...
de cette écoute d'aujourd'hui quoi. Je saurais pas le dire mieux que ça.
Speaker 2 (18:55.522)
Et alors, qu'il a d'autres projets en préparation ? Comment va être ton année 2025-2026 ?
Eh bien écoute, elle va être assez fournie. Donc déjà il y a les dates de tournée de l'histoire de la fille d'une mère qui devient la mère d'une fille qui ne sera pas mère, à Toulouse, à Asset, peut-être Montpellier et puis d'autres aussi on verra. Je travaille aussi avec d'autres compagnies, notamment une compagnie lyonnaise qui s'appelle Le lien théâtre avec qui je suis dans trois spectacles différents qui traitent aussi un peu des mêmes thématiques avec notamment deux spectacles sur les violences conjugales.
où on a pas mal de dates en région lyonnaise, mais aussi entournées dans les prisons. C'est des réseaux de diffusion un peu particuliers, mais qui, me passionnent et sont très instructifs. J'ai un autre spectacle aussi, un duo de comédiennes dont on va faire la première en novembre sur la question de l'adulte inspirant.
de quoi les enfants ont besoin comme source d'inspiration pour grandir et de quoi les adultes ont besoin pour vieillir aussi comme modèle. Et je ne perds pas de vue de me dégager du temps pour bloquer d'une résidence d'écriture sur le prochain spectacle de la Compagnie des Exaltés. Voilà pour les grandes lignes.
M.Hinald Néchargé qui s'annonce.
Speaker 1 (20:21.568)
Oui, c'est une année qui va être assez riche.
Qu'est-ce que ça fait, Émilie, de jouer un spectacle sur les violences physiques devant un public de prisonniers qui ont commis des violences ?
C'est extrêmement intense, mais nous on est en tant qu'artistes, donc on n'est pas là pour les juger. Et on reste à notre position d'artiste et on est là pour rencontrer un public. Un public particulier, certes, un public concerné, mais un public. Et on est là pour parler de la création artistique du spectacle. On n'est pas là pour savoir ce qu'ils ont fait, pourquoi ils ont fait. S'ils ont envie de nous en parler, ils peuvent le faire. À l'issue du spectacle, il y a un temps d'échange
qui est fait entre les acteurs, la metteuse en scène et le public. Ce qui est fascinant avec ce spectacle-là, moi ce qui me bouleverse à chaque fois, c'est aller parler au cœur de ces hommes. Moi j'ai des hommes qui ont fondu en larmes à la fin de la représentation parce qu'ils ont vraiment pris conscience de l'impact de leurs actions sur les victimes. Ils étaient faits d'avoir la distance et de voir un effet miroir. se sont rendus compte de ce qu'ils avaient pu impliger à leur partenaire.
Et le point fort de ce spectacle aussi, c'est qu'il a une partie qui parle de la violence intra-familiale et donc de la violence que les enfants subissent lors de scènes de violence de leurs parents par exemple. Et quasiment tous se sont reconnus aussi en tant que victimes quand ils étaient enfants. Et ça aussi c'est des liens et des connexions qu'ils n'avaient pas fait jusqu'à présent et qu'ils font grâce au spectacle. Et ça pour moi je trouve que c'est un levier qui est immense parce que ces personnes-là vont ressortir de prison.
Speaker 1 (22:01.486)
L'accès à la culture, à l'éducation est primordial pour préparer ces gens à réintégrer la société. Et il y en a pour certains où c'est vraiment des marches sur lesquelles ils peuvent s'appuyer pour pouvoir enclencher derrière des thérapies avec les psy de la prison. a eu beaucoup de personnes qui sont spontanément allées voir la psychologue de la prison pour solliciter un rendez-vous. Pour moi, c'est des aventures qui sont incroyables.
et puissait avoir accès à des lieux, se rendre compte de la réalité carcérale. Et de sortir un peu du discours politique et des médias qu'on nous donne et se rendre compte qu'il y a une toute autre réalité. Comme toute institution publique, les prisons vont mal en France. Vraiment.
T'as pu observer des choses toi-même ?
Oui, j'ai pu observer des choses moi-même, la surpopulation carcérale. c'est autre chose d'entendre dire qu'il y a quatre par cellule et de passer devant une cellule, entre ouvertes, de voir la taille de la cellule et de voir quatre bonhommes qui font 1m80, les quatre, et qui vivent entassés dans une cellule. C'est autre chose que d'entendre les agents pénitentiers...
débordés, qui n'ont plus de moyens, qui sont en sous-effectif, d'entendre le taux de suicide en prison qui est de 1 tous les 3 jours. C'est réduire les rations qu'on donne en prison parce qu'on a réduit les coûts. C'est valable aussi pour la prison pour mineurs. On donne pas assez à manger aux gosses qui sont en prison parce qu'on réduit les coûts.
Speaker 1 (23:45.134)
Et ça, c'est s'en rendre compte véritablement et ça ne devient plus du discours, ça devient une réalité qu'on peut observer nous de nos propres yeux.
à travers les sujets, des projets sur lesquels tu travailles, de ce que tu écris, des thèmes quand qui se dégagent, est-ce que tu as choisi spécifiquement d'aller sur ce créneau-là ? Ou est-ce que ces créneaux-là se sont imposés à toi-même ?
Quand j'ai fait ma formation de comédienne à Paris, à l'Atelier international de Blanche Saland et Paul Weaver, les textes qu'on me donnait à travailler, c'était du Bergman, Sonate d'automne, qui l'histoire d'une relation entre sa mère et sa fille sur de l'absence et de la violence éducative, dont j'avais pas conscience à l'époque, mais on m'avait distribué sur des scènes comme ça, ou sur...
Dis à ma fille que je pars en voyage de Nice-Chalem, qui est l'histoire de deux femmes en prison, et une qui est en prison parce qu'elle a tué son mari parce qu'il abusait de leur fille. Quand je regarde aujourd'hui où je travaille et quels sont les projets que je porte et que je défends, je souris parce que je pense que ces thèmes-là, je les porte depuis très longtemps, c'est des sujets qui m'habitent, qui font partie de mon identité.
Quand j'étais enfant, on me disait que j'étais la défendeuse de la veuve et de l'orphelin. Ça a été des choses qui m'ont affectée quand j'étais petite et aujourd'hui, en fait, ça fait partie de moi et j'adore ces thèmes-là. Et donc, je pense que je suis allée inconsciemment avec les gens que j'ai rencontrés, m'ont aussi amené vers ces sujets-là. En tant qu'artiste et en tant qu'interprète, je m'épanouis pleinement dans ces projets-là.
Speaker 1 (25:31.274)
Ce qui ne m'empêche pas d'ailleurs de faire des projets beaucoup plus légers sur des thématiques moins lourdes et de m'éclater tout autant. Là-dessus, je trouve que c'est important aussi d'avoir un équilibre. Mais ça a tellement de sens pour moi et c'est un enrichissement personnel énorme. Je suis extrêmement heureuse de travailler sur ces thématiques-là et je remercie vraiment les gens qui me font confiance.
notamment Anne-Pascale Paris du lien théâtre qui m'a vraiment pris sous son aile dans toutes ses créations. Merci.
L'art reste quand un véhicule de changement, d'immortalité, des comportements qui est très important. Malheureusement, c'est aussi l'art qui est le plus pénalisé par les coupes budgétaires, les politiques d'austérité. Donc oui, être artiste aujourd'hui, surtout un artiste qui vit de son art, c'est une gageur, mais tu es l'exemple qu'on peut y arriver et qu'on peut s'éclater là-dedans. Donc merci d'être venu être témoin, Émilie, de cette possibilité.
Merci à toi surtout de m'accueillir et tes questions me font en plus se reconnecter avec des souvenirs qui me touchent. Donc merci, merci à toi et merci pour ce que tu fais.
La question de fin, si on se revoit dans ce podcast dans 5 ans, qu'est-ce que tu voudrais pouvoir me dire ?
Speaker 1 (26:58.324)
Alors, j'aurais réalisé la deuxième création de la compagnie des exaltés. Donc ça, elle sera montée et elle aura des dates de diffusion, tournée, création. Voilà, ça c'est sûr. HFM, l'histoire de la fille d'une mère qui devient la mère d'une fille qui ne sera pas mère, aura peut-être terminé sa route, mais tout juste, je pense. vois, 15 ans, je trouve que c'est pas mal pour durer l'évidence spectacle.
Je suis pas d'accord, Émilie. Pour moi, c'est un type de texte qui peut devenir un classique.
Ha ha ha ha !
Speaker 1 (27:35.816)
Après il va se poser l'âge de l'interprétation aussi.
Mais justement, le fait de... il va vivre parce que d'autres personnes vont s'en emparer.
ça, je n'y ai pas pensé. Ça serait intéressant, sa remarque. Que quelqu'un s'en empare et en fasse quelque chose d'autre, c'est assez excitant et à la fois, me dis non. J'ai envie, mais pas tout de suite, mais si. cinq ans peut-être. oui, tiens, tu vois. oui, bon, déjà, c'est bien ça. Une nouvelle création, un beau rôle au cinéma. J'aimerais vraiment pouvoir...
...
Speaker 1 (28:11.69)
Ce que je fais au théâtre, j'aimerais savoir si ça peut être mis au service du grand écran.
Croise les doigts et on se donne rendez-vous dans 5 ans !
Le rendez-vous est pris.
Où est-ce qu'on peut te trouver Emilie
Alors je suis sur les réseaux sociaux, Facebook encore, mais moi Instagram, LinkedIn aussi et j'ai un site internet emilyalfieri.com
Speaker 2 (28:38.006)
Et l'histoire de la fille d'une mère, quand est-ce qu'il va se rejouer concrètement à la prochaine date ?
La prochaine date, c'est le week-end du 8 novembre à Toulouse au théâtre de la Violette.
Bien, on le note. Et s'il est sur Paris, je ne manquerai pas de le relayer sur Instagram aussi.
bah avec grand plaisir, merci. C'est pas impossible qu'on refasse un petit tour à Paris sur 2026.
Merci beaucoup, Émilie. On te souhaite le meilleur pour tous ces projets créatifs. Et à très vite !
Speaker 1 (29:10.312)
Merci Kasha pour ton invitation et longue vie à ton podcast Bien à mon compte.
Merci Milly. Au revoir tout le monde, bonne semaine, prenez bien soin de vous et de votre business.
Speaker 2 (29:24.686)
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